Une borne arcade moderne ça se trouve aujourd’hui très facilement pour les fans et curieux de retrogaming, désireux de jouer à des jeux Megadrive, Super Nintendo, Neo Geo et autres consoles des années 80, 90. Un simple tour sur internet et vous trouverez votre bonheur très rapidement. Il y en a pour tous les goûts : de la borne d’arcade originale fonctionnant avec une Neo Geo MVS, en passant par la table basse émulant toutes les consoles existantes.

Si on doit faire un rapide tour d’horizon des fabricants, je vous conseille, pour ceux qui ont les moyens, Neo Legends (Paris), Flex Arcade (Boulogne-Billancourt). Pour ceux qui  se sentent l’âme d’un bricoleur, je recommande SmallCab ou PM88 qui proposent des kits, joysticks, boutons et composants en tout genre pour customiser et monter sa propre borne d’arcade.

Une tendance se démarque : les modèles “Bartop” basés sur de l’émulation. Ils proposent un catalogue de jeux très large pour un prix assez bas. Il n’y a pas d’entretien particulier et sa taille lui permet de se caser un peu partout chez vous.

Mon projet initial était de fabriquer un bureau convertible en borne arcade, composé d’un socle amovible cachant les panels et un écran monté sur vérin. Le prototype était plutôt bien abouti.

Seulement j’ai du me rendre à l’évidence: mon appartement ne pouvait accueillir un tel objet. Je me suis finalement rabattu sur une borne arcade intégrée dans une valise des années 80 plus mobile, compacte et en adéquation avec mon intérieur. Ces avantages représentent cependant un véritable challenge : Faire tenir tous les composants dans une petite valise (50x30x12 cm).

Pour être sûr que le projet était viable j’ai d’abord réalisé un prototype avec du carton.

Je me suis fourni chez SmallCab pour les principaux composants dédiés au gaming et chez Castorama pour ceux dédiés à la construction. J’ai également fait un peu de récupération par-ci par-là. J’aurais clairement pu être plus économe en passant par des sites low cost ou en faisant plus de récupération mais j’étais trop excité pour attendre.

Je vous laisse ci-dessous la liste des éléments utilisés pour réaliser ce projet.

Ma plus grosse préoccupation était de savoir comment j’allais alimenter tous les composants principaux sans passer par une  multiprise, qui de toute façon risquait de ne pas de rentrer dans la valise. Les besoins électriques du projet étaient plutôt simples : 

• L’écran LCD et le contrôleur vidéo demandent 5V et  3A
• Le raspberry : 5V et 2,5A 
• L’amplificateur audio 12V et 3A 

Il fallait donc trouver une alimentation qui puisse délivrer différents voltages, avec un ampérage égal à 3A. Smallcab propose une alimentation qui offre 2 sorties : +5V (3A) / +12V (3A). C’était parfait sauf qu’il me fallait 3 sorties… dans le doute j’ai fait l’essai de brancher en parallèle le Raspberry et l’écran LCD. Résultat positif, ça fonctionne à merveille. 

Une fois cette phase validée, j’ai effectué l’intégralité des branchements. C’est là que j’ai réalisé que j’avais oublié de prendre en compte la tension du disque dur, ce qui a fait apparaître un petit éclair jaune en haut de l’écran (syndrome d’une sous alimentation sur raspberry). Je vous rassure, lorsque vous émulez des jeux de 8 à 32bits ça tourne très bien! Pour ceux qui voudraient éviter ce problème, passez par une carte SD embarquée sur le Raspberry.

A l’arrière de la valise, j’ai fixé une une prise C13 sur laquelle  j’ai soudé 3 fils :

• Le bleu sur la borne neutre
• Le vert/jaune sur la borne terre
• Le marron sur la borne phase (ça peut-être une autre couleur)

Ces 3 fils vont ensuite sur les entrées de l’alimentation comme ci-dessous. 

Pour le câble qui part de la prise secteur à l’arrière de la valise, j’ai opté pour une rallonge en tissu de 2,50m sur laquelle j’ai raccordé une prise C14. Vous aurez comme pour la prise C13, un schéma de branchement électrique fourni.

Le deuxième sujet délicat était le mappage des 28 fils des joysticks et des boutons à brancher directement sur le GPIO du raspberry. Il est aussi possible de connecter tous ces fils sur un encodeur analogique USB pour libérer de la place sur les GPIO.

Le schéma de branchement dépend de la distribution. Dans mon cas avec Recalbox et des joysticks Sanwa, le schéma pour 2 joueurs est le suivant sur les GPIO (HK = Hot Key).

Je vous invite à aller sur les sites des fabriquant pour plus d’information.

Une fois cette étape testée, je vous propose d’installer des colliers de serrage pour faire de grosses nappes afin de gagner de la place et de la visibilité. Chaque centimètre est important.

Pour la vidéo, rien de compliqué. J’ai utilisé un câble HDMI de 45cm reliant le raspberry au contrôleur vidéo de l’écran.

Pour l’audio,  j’ai utilisé un câble jack sur lequel j’ai ajouté un antiparasite avant d’aller sur l’amplificateur afin d’éviter un grésillement lié au bornier. L’amplificateur est placé sous une trappe dans le panel afin de moduler facilement le volume. Le son sort sur deux  enceintes de 8ohms 10w de 6cm fixées à coté de l’écran.

Pour faire une borne arcade, il faut avoir un minimum de connaissances informatiques mais il faut surtout avoir le goût du bricolage. Vous allez devoir utiliser des outils potentiellement dangereux : scie à sauter, Dremel 3000, défonceuse, perceuse, ponceuse…

En ce qui concerne le matériel de construction, comptez 2 planches de médium (MDF) de 5mm, des cales en bois et de la visserie diverse.

Il accueille les enceintes fixées par de la colle chaude ainsi que l’écran de 15 pouces. Le support est fait avec du MDF de 5MM et est incliné de quelques degrés pour améliorer la visibilité des joueurs. Il est fixé à la valise grâce à des aimants, ce qui permet un bon maintien et un accès facile à la connectique.

Le control panel est fait de MDF 5MM aimanté sur 2 lattes transversales en MDF de 10mm collées au fond de la valise. Pour disposer les boutons dessus, j’ai utilisé un layout des bornes arcade de chez SEGA, trouvé sur le site  slagcoin.com. Ils ont une grande quantité de choix de layouts. 

Vous aurez besoin de mèches à bois de 24mm et 28mm. Faites très attention quand vous arrivez sur la fin des trous : si vous appuyez trop fort vous allez arracher le dessous du support. J’ai monté ensuite les boutons et les mini switchs.  Puis j’ai effectué le branchement des cosses de 4,8mm sur le raspberry.
J’ai regroupé le tout avec des colliers de serrage collés au support.

PS : les schémas de branchement sont en général fournis avec le câblage.

J’ai préparé les supports MDF en les ponçant pour y déposer une couche d’apprêt et deux couches de peinture. J’ai ensuite ajouté à la bombe quatre lignes avec un code couleur emprunté à la Super Nintendo.
Pour terminer, j’ai appliqué deux couches de vernis brillant.

Voilà mes touches finales personnelles : du skai pour recouvrir les câbles, des languettes sur les côtés pour retirer l’écran, un bloc de mousse pour loger les manettes 8bitdo et une chaîne de douche, pour accrocher les sticks à la poignée de la mallette.

Ça m’a pris un peu plus de 3 mois pour réaliser ce projet. J’ai travaillé dessus plusieurs soirs par semaine ainsi que les weekends. La mallette est vraiment sympa et colle parfaitement à l’univers de mon appartement.

Après plusieurs mois d’utilisation, la mallette était toujours impeccable : Peinture propre, installation électrique intacte et le raspberry toujours opérationnel.

J’ai adoré construire cet objet. Pour le prix que ça m’a coûté j’aurai pu en acheter une borne d’entrée de gamme… mais le plaisir n’aurait pas été le même.