Découvrirez dans cette article la restauration complète d’un putter de golf Scotty Cameron by Titlest, putter dont la marque a été mis en avant dans les années 90 par Tiger Woods sur le tour PGA.

Dans une ancienne vie j’étais un jeune joueur de golf, sport qui est devenu une véritable passion, occupant une grande partie de mon temps libre d’adolescent. D’un niveau moyen (20 de handicap officiel) j’ai toujours joué la même série de fers pendant 10 ans, je n’ai jamais joué driver ou bois mais j’avais dans mon sac un putter  M.A.G.I.Q.UE. Tiger Woods jouait quasiment le même dans les années 1990, un Scotty Cameron Terryllium Newport two Long Neck. Qualifié à l’époque de révolutionnaire, son insert était constitué d’un alliage de cuivre appelé « Terryllium » reposant sur de l’élastomère, un caoutchouc aux propriétés élastiques assez particulières.

« Sur un parcours le putting représente environ 43% des coups contre 10% pour le driver. »

Ce putter n’était pas donné et je ne comprenais pas les moqueries de mes petits camarades qui avaient dans leur sac des drivers qui valaient tout autant Le calcul était pourtant simple, sur un parcours le putting représente environ 43% des coups contre 10% pour le driver… CQFD.

Pourquoi je vous parle de ça ? Il y a trois mois, j’ai sorti mon sac de la cave avec une envie folle de jouer. J’ai acheté une nouvelle série, un driver et je me suis rendu compte que mon putter avait comme moi, subi les aléas du temps. Il faut savoir que ce putter était assez fragile, après chaque partie on devait l’enduire d’huile de fusil de chasse pour le protéger correctement de l’humidité. En sortant le putter de son étui, j’ai pu constaté que la tête était en partie piquée par la rouille mais par chance la lame en teryllium ainsi que l’élastomère étaient en bon état. Ce sont ces parties qui offrent un si bon touché de balle et représente le coeur même du putter.

Comme je suis un sentimental et que ce putter évoque tant de souvenirs, je me suis mis à la recherche d’un shop pouvant le restaurer mais mes recherches n’ont abouti à aucunes conclusions sérieuses. Scotty Cameron USA pouvait le faire mais ça me coûtait autant qu’un  nouveau putter. C’est après avoir fouiné sur des forums, regardé plusieurs vidéos liées à la restauration de clubs de golf que j’ai décidé de me lancer dans cette aventure mais sous certaines conditions techniques : ne pas toucher à l’élastomère (adieu la peinture au four) et prendre des matériaux qui résisteraient à l’humidité et aux chocs qu’allaient recevoir le putter.

Sous la peinture, la rouille et le fer

Première étape, retirer la peinture pour voir l’état du métal, pour ça rien de mieux qu’un bon bain de cola pendant deux heures. Résultat saisissant, la peinture a entièrement disparue laissant visible les points de rouilles profonds et les chocs qu’avait subi la tête durant toutes ces années.

Pour la peinture dans les illustrations du putter j’ai tout retiré avec une aiguille car elle avait résisté au bain de cola. J’ai par la suite désoxydé le cuivre avec un mélange de grand-mère : Farine, Sel et Vinaigre blanc. Le rendu est plutôt satisfaisant.

Il a ensuite fallu poncer le putter pour enlever la couche de métal rouillée tout en évitant de poncer la lame de cuivre préalablement protéger par du scoth de peintre.  J’ai pour cela utilisé une Dremel 3000 avec des disques de ponçage (SC411) sans trop m’attarder sur les gros chocs et en suivant rigoureusement les lignes du putter.

Le gros du travail, la peinture et le vernis

Une fois le métal à nu, je me suis rendu compte que les ronds blancs à l’arrière du putter étaient constitués non pas de peinture mais d’élastomère (assez logique en fait), il fallait donc la protéger avant d’attaquer les nouvelles étapes. J’ai ainsi bouché à l’aide d’une pince à épiler les trente-deux ronds avec le seul composant en ma possession qui voulait bien coller à l’élastomère : de la « pate à fixe jaune ».

J’ai par la suite appliqué une sous-couche d’antirouille en bombe transparente spéciale métal à séchage lente (24H) pour limiter l’action de l’humidité et j’ai ensuite pulvérisé deux couches de peinture noire (de la RAL Satiné), utilisée pour les carrosseries de voiture. La bombe de peinture est assez onéreuse et à une durée de vie de 24H une fois ouverte mais elle augmente la résistance aux chocs car elle est constituée d’une peinture de haute qualité et d’un agent durcisseur. J’ai répété le même procédé avec un vernis satin. Avec du recul le choix d’un vernis brillant aurait été plus judicieux pour arriver à un résultat plus proche du putter original.

Dernières étapes, les finitions

Le gros du travail était fait, il fallait maintenant attaquer les finitions en reprenant la peinture de toutes les illustrations. Sur les bons conseils d’un ami graphiste qui fait pas mal de warhammer, j’ai acheté de la peinture à maquette de la marque « Citadel », un pot de couleur blanc « White scar » et bronze « Balthasar gold ». A l’aide d’un pinceau fin, j’ai rempli chaque inscription par la couleur correspondante suivi d’un petit coup de chiffon imbibé de white spirit pour effacer le surplus. Le tour était joué, j’avais de nouveau un putter casi neuf dans mon set.

« Je ne suis pas avare, je garderai ce putter dans mon sac pour encore très longtemps. »

J’ai passé environ une trentaine d’heure et dépensé pas loin de soixante euros pour réaliser la restauration de ce putter à un état quasi neuf. Il m’était impossible de refaire certains détails comme les effets en spiral ou l’aspect lisse et brillant de la peinture mais le résultat est très satisfaisant. J’ai par ailleurs découvert l’histoire de ce putter et amélioré ma dextérité en « bricolage ». En regardant sur différents sites (golfbidder, ebay, lbc), son prix varie entre 150€ et 800€ ce qui le place dans le haut de gamme aujourd’hui malgré son ancienneté mais je ne suis pas avare, je garderai ce putter dans mon sac pour encore très longtemps.